La plante venue des Indes est réputée pour soigner de nombreuses maladies
Le moringa, vous connaissez ? Peu de gens dans la rue à Yaoundé répondent par l’affirmative à cette question. Et pourtant cette plante qui depuis moins de huit ans occupe de plus en plus d’espaces cultivés au Cameroun, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Certains journaux comme « la Voix du paysan » ou « Ambition Magazine » lui ont consacré des dossiers spéciaux. Des émissions, telles « Carnet de développement » sur l’antenne provinciale de la Crtv du Centre, « Au service de tous » sur Radio Bonne nouvelle, traitent du moringa dans des rubriques hebdomadaires.
L’intérêt pour cette plante venue des Indes, et que l’on retrouve aujourd’hui dans bon nombre de pays tropicaux, tient à ses usages multiples. Dans son pays d’origine, le moringa est traditionnellement réputé pour soigner quelque trois cents maladies. Ses feuilles, consommées comme légumes, sont actuellement recommandées dans les milieux hospitaliers dans certains pays d’Afrique pour corriger la malnutrition chez la mère et l’enfant. Extraite de ses graines, l’huile de moringa est comestible. Par un coup de pouce des Ong, son extraction commence à se développer surtout dans les pays où manquent les huiles alimentaires. Dans l’alimentation du bétail ou de la volaille cette plante produit vraisemblablement des résultats spectaculaires susceptibles de baisser les coûts de production. C’est du moins ce que soutient Benjamin Endama Meka, un ingénieur agro environnementaliste qui à la tête d’une association promeut la culture du moringa comme activité génératrice de revenus. Un kilo de poudre de feuilles de moringa est écoulé à 20 000 F à Yaoundé. Tout est bon à prendre, rien de cette plante ne se perd, des feuilles aux racines, des graines à l’écorce. Les dérivés du produit sont conditionnés et distribués à des personnes souffrant de maux variés. Dans son exploitation de Nkolfoulou, dans la banlieue de Yaoundé, Endama Meka associe la culture du moringa et d’ananas à un élevage expérimental de poulets. On peut y voir des coqs vigoureux à l’œil vif et à la crête conquérante.
D’autres récits révèlent que le moringa dont la croissance est extrêmement rapide, est utilisée comme pare-feu ou encore pour le reboisement d’espaces dénudés.
La recherche scientifique s’intéresse déjà à cette plante à laquelle l’on prête tant de vertus. Des analyses montrent la très grande richesse de ses feuilles en vitamines A, C, B1, en calcium, potassium et en protéines.
Dans l’abondante littérature qui lui est consacrée sur Internet, l’on apprend qu’une étude réalisée en 2007 en Thaïlande reconnaît à la plante la capacité de diminuer de manière importante le taux des lipides sanguins dont le cholestérol. Ce qui donnerait à croire que sa réputation à soulager les maladies cardiovasculaires ne serait pas usurpée.
Nous avons rencontré trois personnes qui témoignent sur la manière dont le moringa a changé leur état de santé :
Témoin 1
Nom : Simplice Ndzana Mbala, septuagénaire.
Tranche d’âge: 70-79
« Je marchais avec des béquilles »
J’ai fait un AVC, j’ai eu une paralysie
faciale, ma bouche était tordue et je
ne voyais pas bien…
Une de mes connaissances m’a parlé
du Moringa bio .
Quatre semaines après que j’ai
commencé à le prendre, mon visage
est redevenu normal. Parallèlement,
j’ai été guéri des problèmes de goutte
dont je souffrais.
Témoin 2
Nom : Ernest Bayiha, quadragénaire
Tranche d’âge: 40–49
« Le moringa m’a soigné »
Je souffrais d’un pincement du nerf
sciatique. J’avais du mal à
marcher.Je me déplaçais avec des
béquilles.
Un collègue m’a conseillé de prendre
du moringa.
Deux semaines après le début de la
cure, je sentais bien. En plus, ma tension
artérielle qui était élevée est
redevenue normale.
Mon frère quant à lui souffrait de
problèmes de prostate. Trois jours
après avoir commencé à prendre des graines de moringa, il a repris à uriner par la voie normale ».
Témoin 3
Nom : Abraham Fonkeng, quinquagénaire
Tranche d’âge: 50 – 59
« Mon diabète a été stabilisé » J’étais souffrant, très fatigué. Je ne
savais pas de quoi je souffrais.
J’ai pris du moringa pendant trois
mois et la fatigue est partie. Je me
suis rendu à l’hôpital où le diabète a
été diagnostiqué.
En prenant du moringa, ma glycémie
est redevenue normale.
J’avais aussi des crises de goutte qui
ont également disparu.
Reportage avec un spécialiste des plantes Mr Samuel Kléda :
Q : la médicamentation par les plantes;est-ce un effet de mode ou une révolution des mentalités ?
R : Je ne crois pas que ce soient ces dernières années que le phénomène se présente, je ne crois pas que c’est seulement aujourd’hui qu’on observe ce phénomène-là. Ça a toujours été ainsi. Peut-être qu’on ne fait pas assez attention. Il y a des maladies qui résistent aux produits pharmaceutiques qui viennent d’Europe. Par contre, il y a des plantes qui agissent bien si on les connaît. On peut les appliquer, et traiter ces maladies-là. Il serait bon que nos hommes de science, nos chercheurs se mettent au travail et qu’ils essaient, d’une manière scientifique, de mettre ces plantes-là à la disposition de nos populations.
La deuxième raison c’est que beaucoup ou la plupart des Camerounais n’ont pas les moyens financiers pour s’occuper de leur santé et il n’y a pas d’assurance comme en France donc ils seront obligés d’aller chez le guérisseur pour se faire soigner avec des plantes .
Q : Est-ce que cette médicamentation par les plantes est sans dangers. Le guérisseur n’a pas toujours le bon dosage?
R : On a toujours présenté cet argument, c’est-à-dire qu’on ne sait pas la posologie, la dose qu’il faut donner à un malade. Mais le vrai guérisseur, celui qui soigne dans un village que tout le monde reconnaît comme tel, sait comment utiliser les plantes. C’est une recette qu’il a héritée de ses parents. C’est une recette connue, qu’on utilisait et qu’on utilise dans le clan, dans le village depuis plusieurs années. Donc, il sait comment donner. Il ne peut pas se tromper. Ce n’est pas pour gagner de l’argent. Il n’a pas intérêt à ce que beaucoup de gens viennent Cependant, un vrai guérisseur connaît la recette.
Q : Est-ce qu’une plante le Moringa peut guérir plusieurs maladies ?
R : C’est une plante qui a sans doute beaucoup de vertus. Elle est antispasmodique, fébrifuge, bactéricide, fongicide, qui tue les champignons. Dans certaines régions d’Afrique elle est utilisée contre les maladies vénériennes. Dans le grand nord, le moringa est planté autour des concessions qu’on appelle saré. Ça sert même de haie. Une plante qui agit comme un antibiotique naturel, il n’y a pas de risques.
Q : Que dites-vous à vos fidèles qui sont tentés par ces deux domaines ?
Il y a le domaine spécifiquement religieux, l’homme doit vivre en harmonie avec la nature. Donc, s’il a brisé les lois de cette nature, il doit chercher à rétablir un climat de paix autour de lui. Et dans ce monde là, il y a un devin qui joue presque le rôle de guide. Quand quelqu’un est malade, on ne va pas dire qu’il souffre parce qu’il y a telle bactérie. On se demande quelle est la partie de cette harmonie qui a été brisée, et qui a engendré la maladie. On va d’abord passer par là. Et le devin est là pour chercher d’où vient ce désordre-là. On résout donc le désordre, on offre des sacrifices, pour rétablir l’harmonie. Et d’ailleurs, le croyant africain traditionnel, avant d’aller à l’hôpital, doit d’abord essayer de se mettre en harmonie avec le monde. S’il va à l’hôpital avec tous ces problèmes, il ne peut pas obtenir guérison. Il faut résoudre ces problèmes. Ce qui fait qu’il va voir le devin qui va indiquer qu’ici, il y a eu ce désordre-là, il faut d’abord faire tel sacrifice. Lorsqu’il finit de faire ces sacrifices-là, il peut maintenant se présenter soit chez le vrai guérisseur, soit à l’hôpital. Malheureusement, les gens qui vivent en ville ne savent pas comment le monde est organisé, l’harmonie dans notre contexte. Il y a de vrais guérisseurs, quand vous arrivez, vous donnent la bonne plante. C’est comme si vous me dites que du coup, nous nions la religion traditionnelle africaine, qui n’est peut-être pas structurée comme le christianisme, mais qui existe. Il ne faut pas confondre parce que quand les gens entendent guérisseur, c’est le sorcier. Et même les termes qu’on emploie : sorcier, marabout, magicien… Font-ils la différence entre ces mots. Quand on me dit : Kléda est un marabout, c’est un guérisseur… J’ai étudié les plantes, c’est une distraction pour moi. Je prends mes livres, j’analyse les plantes, puisqu’elles soignent. La médecine que nous avons vient des plantes. Et les gens disent : ah, il est sorcier. C’est de l’ignorance. Les gens ne prennent pas le temps de voir. Les plantes sont utilisées depuis la colonisation même, où les Européens mourraient… on a commencé à soigner le paludisme avec les plantes de nos forêts africaines. Est-ce de la magie ? Il faut faire la différence, savoir comment ce monde fonctionne, avant de dire quoique ce soit.
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